Études du livre au XXIe siècle – Deuxième édition – mars 2024 – appel

Colloque pour chercheur·ses de cycles supérieurs organisé par

René Audet (Université Laval)
Corentin Lahouste (Université Laval)
Julien Lefort-Favreau (Queen’s University)
Mélodie Simard-Houde (Université du Québec à Trois-Rivières)

Un événement participant de la programmation scientifique de :
Projet de recherche « Littérature québécoise mobile » (CRSH, 2019-2024)
Figura, centre de recherche sur les théories et les pratiques de l’imaginaire
Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec (GRÉLQ)

Réitérant une formule menée entièrement à distance pour rassembler différents secteurs de recherche investis par de jeunes chercheur·ses, la deuxième édition de la manifestation scientifique « Études du livre au XXIe siècle » lance un appel pour constituer sa programmation de l’hiver 2024. Des propositions en provenance des études littéraires, de la sociologie, des formations en métiers du livre, de la culture médiatique et des arts visuels sont les bienvenues pour dessiner ce nouveau panorama des études sur le livre actuellement développées.

Argumentaire

Le large secteur scientifique de l’histoire du livre a depuis longtemps démontré la richesse de ses perspectives croisées, plaçant le livre comme un objet d’étude au cœur de regards interdisciplinaires indispensables à une saisie complexe de sa nature, de ses fonctions et de sa circulation. Le déploiement, au tournant du XXIe siècle, de pratiques et de formes complémentaires – livre numérique, diffusion par les réseaux sociaux, revalorisation de la matérialité, insistance sur des formes éditoriales artisanales, etc. – confirme l’actualité de cette discipline consacrée au livre, mais sous un angle qui permette d’en capturer les manifestations actuelles, au fil de leur apparition et de leur évolution. Les études du livre au XXIe siècle s’imposent comme perspective multifocale sur le livre et justifient largement la tenue de ce nouveau colloque consacrée à la question.

Alors que la première édition du colloque faisait la part belle aux modalités contextuelles du livre d’aujourd’hui, cette deuxième mouture propose de cadrer le regard sur ce qui le définit, comme objet et comme agent socio-institutionnel, dans un tissu culturel et politique en mouvance. Différentes orientations ou pistes sont d’emblée envisagées et attendues, bien que cette liste ne soit pas contraignante ; nous porterons ainsi un intérêt particulier aux propositions touchant à l’un ou l’autre de ces quatre axes thématiques : 

  • Le premier axe identifié concerne les poétiques du support et diverses inventivités matérielles développées pendant le dernier quart de siècle. À travers lui, on cherche à mettre en perspective des réinvestissements de la matérialité du livre en contraste, entre autres, avec ce qui a pu se développer du côté du livre numérique. Dans cette lignée, c’est autant la question de la complémentarité médiologique qui pourra être soulevée (ex. publications parallèles papier/numérique, en dialogue avec des propositions spectacularisées ou expositionnelles) que celle relative au retour de force de pratiques artisanales et de l’« édition hors édition » (Habrand). Pourraient également être abordés, entre autres possibilités : des objets-livres « hors-normes » ; la manière dont des périodiques se voient réinventés ; la création assistée par IA et ses soubassements autant esthétiques, éthiques que politiques. Le questionnement sur les supports et la matérialité a pour contrepartie de plus en plus vive la prise en compte de l’empreinte écologique des livres, qui anime les acteur·rices de la chaine du livre ; son examen réclame de se saisir des pratiques et des processus allant des étapes de conception et de production jusqu’à celle de la diffusion.
  • Le deuxième axe, qui porte sur les médiations et structures éditoriales, se déploie suivant un premier volet éditorial, au départ d’un intérêt spécifique pour des initiatives émergentes; puis un second volet sur les médiations, en portant notre attention sur tout ce qui concerne les expositions littéraires ainsi que les projets de médiation (les maisons d’écrivains ou de la littérature). L’ensemble de ces réflexions renvoient inévitablement aux transformations du rôle de l’éditeur dans le système-livre (rapports entre la production et la médiation) et aux réaménagements de l’auctorialité (dynamiques collectives et collaboratives) – lesquelles sont tout aussi bien alimentées par la participation croissante de l’intelligence artificielle à la fonction éditoriale (par ex. :  révision, traduction).
  • L’étude de la réception et des appropriations populaires du livre aujourd’hui constitue un troisième axe de réflexion. On s’attachera particulièrement à ce que fait la culture numérique à la réception de la littérature au XXIe siècle. Pourront être considérées par exemple les nouvelles formes de la critique amateur qui se déclinent sur les réseaux sociaux, en exploitant leurs spécificités techniques et médiatiques, que l’on pense au BookTube, au BookTok, au Bookstagram ou aux sites encyclopédiques façonnés par des amateur·rices. L’éventail des pratiques d’appropriations populaires, hypertextuelles ou transfictionnelles, telles que les réécritures, la fanfiction, la création de produits dérivés, pourra lui aussi être déplié. Il s’agira dès lors d’éclairer les commentaires, les prolongements créatifs et les usages faniques du livre s’exprimant notamment, mais pas uniquement, en contexte numérique.
  • Le portrait des transformations observables dans le milieu du livre aujourd’hui ne peut faire abstraction de la question centrale de sa circulation, qui est régie par des modalités inédites ou profondément adaptées au double contexte analogique et numérique. Quatrième axe de réflexion de ce colloque, la gestion de cette circulation repose sur des enjeux autant technologiques que juridiques, qu’il importe de mieux situer au sein du complexe écosystème documentaire actuel. Licences ouvertes, libre accès, conceptions alternatives du droit d’auteur : les formes de contractualisation se multiplient. Les défis posés à la diffusion du livre, dans un monde de surcharge informationnelle, sont tangents des possibilités et difficultés posés par des appuis algorithmiques, où dialoguent métadonnées et automatisation de la recommandation.

Formule de l’événement

Reprenant les grandes lignes du fonctionnement de la première édition du colloque, cet événement vise à mettre en avant les recherches récentes, menées par les étudiant·es de cycles supérieurs, qui contribuent à alimenter et à structurer ce champ disciplinaire naissant des études du livre au XXIe siècle. Cette rencontre scientifique sollicite tout particulièrement les jeunes chercheur·ses de langue française, de façon à soutenir une communauté scientifique francophone en études du livre. 

Pour contrer l’éparpillement géographique des actrices et acteurs de ce champ, nous avons retenu la formule d’un événement long et asynchrone qui invite aux échanges et aux discussions. Le site web de l’événement publiera à intervalles de petits groupes de contributions scientifiques – des interventions brèves sous des formes aussi diverses qu’inventives : exposé filmé, court texte incluant des illustrations, présentation numérique narrée, captation audio, etc. Elles seront commentées ou seront l’amorce d’échanges qui découleront de la problématique, à la façon d’un séminaire.

À titre de clôture du colloque, un événement-synthèse en direct réunissant tou⋅tes les participant⋅es suivra de près et permettra de rassembler les lignes de force autant que les enjeux de ce secteur scientifique, de même que d’en identifier les défis et les problématiques encore à déblayer.

Modalités de soumission

L’événement vise à accueillir les travaux en cours d’étudiant·es des cycles supérieurs ou en stage postdoctoral. Leurs propositions de communication d’environ 250 mots, incluant une bibliographie et une courte notice bio-bibliographique, doivent être envoyées à lqm.quebec@gmail.com avant le 1er décembre 2023. Le comité d’organisation avisera les participant·es de sa décision au plus tard à la mi-janvier 2024.